Il est possible qu’un être humain se réincarne en un robot s’il est assez sophistiqué. C’est ce que, en résumé, le Dalaï-lama déclara lors d’une conférence avec d’éminents scientifiques. Gunnm de Kishiro Yukito évoque ce problème – qu’est-ce qu’un homme ? – primordial aujourd’hui, me semble-t-il, en cette époque de prothèses et de curs artificiels. Ne parlons pas de cette main greffée…
Nous rencontrons au cour de cette histoire, des androïdes au cerveau humain, et des humains avec une puce électronique à la place de l’encéphale. Quels sont les plus “humains” des deux groupes ? Car les premiers n’ont plus de “chair” (à part le cerveau) et les seconds sont presque des ordinateurs.
Ido, docteur cybernétique, reconstruit un cyborg pour avoir une famille, en assemblant des carcasses de machines et la tête (contenant un cerveau) d’un vieil androïde-guerrier dont le corps a disparu. Il l’appelle Gally (“Alita” aux USA), c’est une fille, qui pourtant ménera à nouveau une vie de combats. Ils vivront longtemps dans un monde violent et sans pitié, une agglomération sous l’entière domination d’une “ville” en lévitation, sosie de Laputa (Le voyage de Gulliver). Vous pouvez y vendre votre main ou acheter une moelle épinière si la vôtre est usée.
Aussi Gunnm nous rappelle que même si nous sommes faits (que) de chair, nous manquons parfois de cur ; c’est une leçon d’humanité.
Dans un univers absurde, dans sa quête d’un but à l’existence, Gally fera preuve de courage et de compassion. Si un robot peut le faire, peut-être que nous aussi, nous le pouvons.
Simon KobayashiEditions Glénat, Grenoble, 1996