France-Japon : une découverte à tâtons
“Mais qui est donc ce marchand de transistors ?” C’est en ces termes que le général de Gaulle parlait du Premier ministre japonais Ikeda à l’occasion de la visite officielle que ce dernier effectuait en France. Cette phrase, qui est restée gravée dans la mémoire de nombreux Japonais, résume en fait le très faible niveau de connaissance des Français à l’égard du pays du Soleil levant malgré plus d’un siècle d’échanges économiques et culturels et la tendance à recourir à des stéréotypes pour parler d’un Etat situé à près de 20 000 km de Paris.
Comme dans la plupart des pays européens, les Français ont découvert le Japon au travers des traductions des récits des Jésuites ou de scientifiques venus avec les Hollandais, seuls étrangers tolérés par les autorités japonaises pendant l’ère Edo (1615-1868). C’est grâce au travail de Kaempfer, dont l’Histoire du Japon fut traduite en français en 1729, que Montesquieu ou encore Voltaire ont pu, en leur temps, porter des jugements sur “l’impuissance des lois japonaises” ou utiliser le Japon comme argument critique contre la religion chrétienne, la monarchie française ou la corruption du clergé. De leur côté, les Japonais ne disposaient guère de moyens pour appréhender la réalité française en dehors des informations que leur fournissaient les marchands hollandais. D’ailleurs le terme japonais Fu-ran-su pour France est emprunté au néerlandais Frans qui désignait les Français.
Avant la toute fin du XVIIIè siècle, l’Hexagone ne représente que quelques lignes dans un petit ouvrage intitulé Notes sur les relations
commerciales avec la Chine et les barbares dont la première édition parut en 1695. On y apprenait que la France “est une monarchie, les
quatre saisons s’y succèdent comme en Hollande ; on y fait d’excellent fil” et c’est tout. Au début du XIXè siècle, l’intérêt pour la France s’est fort accru. Cela s’explique par le passage sous influence française de la Hollande qui jouait le rôle de trait d’union entre le Japon et l’Europe, mais les relations directes entre Edo et Paris ne se concrétiseront qu’avec le traité franco-japonais de paix, d’amitié et
de commerce conclu le 9 octobre 1858 à la suite duquel une première mission japonaise se rendit en France en 1862.
A partir de cette date, les Japonais ont manifesté un réel enthousiasme à l’égard de la France au moment où leur pays entrait dans une phase de modernisation sans précédent. On notera que les deux premières œuvres
littéraires françaises traduites en japonais sont l’Esprit des lois (1875) le Contrat social (1877-1882), symboles d’un renouveau des idées politiques et d’une volonté de changement. D’ailleurs, nombre des
grandes réformes entreprises au Japon au cours de l’ère Meiji (1868-1912) trouveront leur inspiration en France notamment au niveau juridique par l’intermédiaire de Gustave-Emile Boissonade. Si la France s’est faite connaître par ses idées, le Japon va imposer dans l’Hexagone une image de raffinement et de beauté, laquelle influencera un grand nombre d’artistes français de la fin du XIXè siècle. Centre culturel mondial, Paris va attirer beaucoup de ressortissants japonais. Selon Takahashi Kunitarô, “dans les années 20 et 30, des peintres
japonais, connus ou inconnus, venaient se rassembler à Montparnasse. Ce quartier en était littéralement envahi. Jusqu’au début de la Seconde guerre mondiale, au moins 3 à 400 d’entre eux y vivaient en permanence”. De son côté, Yatabe Kazuhiko, maître de conférence à l’université Paris VII auteur d’une thèse sur les Japonais en France, estime à 1500 le nombre de ces ressortissants du pays du Soleil levant installés dans la capitale française “cité mythique et lieu de passage obligé pour tous ceux qui veulent approcher la Culture”. Cet attrait pour la France subsiste encore aujourd’hui parmi les Japonais qui viennent s’installer ou passer quelques temps dans notre pays. En revanche, même si le Japon revient à la mode en France, nos connaissances et notre intérêt pour le pays du Soleil levant restent faibles malgré les efforts entrepris depuis une dizaine d’années. Et s’il est peu probable que Jacques Chirac – nippophile reconnu – ne se pose des questions sur le chef du gouvernement nippon, il est l’exception qui confirme la règle.
Claude LEBLANC
日仏試行錯誤
「この人トランジスターのセールスマンかい?」と言ったのはドゴール将軍、そう名指されたのはフランスに公式訪問に来ていた池田首相であった。多くの日本人にとって、この台詞は忘れられないものとなったが、実際に「日出ずる国」に対するフランス人の知識の欠如を一言で表し、パリから二万キロも離れた国を語る常套句の一つであるといえよう。日仏の経済および文化交流はすでに一世紀を越えているのにも関わらず…。他のヨーロッパ諸国と同様、フランス人が日本を知ったのは、江戸時代、唯一公的に交流が認められていたオランダ人とともに日本に行っていた宣教師や研究者の記録の翻訳からであった。1729年には「Histoire du Japon」という仏訳で、Keampferの研究がフランスで紹介され、それによってモンテスキューやヴォルテールがその当時、「日本の法律の弱さ」を語り、キリスト教、フランスの君主制度、聖職者の退廃を批判する証明として日本の例がとり挙げることができたのだった。日本の方でも、オランダ商人から入る情報以外、フランスを知る手段が何もなかった。「ふらんす」という日本語が、フランス人という意味のオランダ語「Frans」から出来たのもそういうわけである。1695年に初版が出た中国及び他外国との通商についての書物にも数行しか割かれていないように、17世紀末までは、フランスについての情報には、数行しか割かれていない。その書の中で、フランスとは「君主制国家、オランダと同様の四季があり、よい糸を作っている」と説明があり、それだけである。フランスに対する関心が高まるのは19世紀を待たなくてはならなかった。これは日本とヨーロッパの架け橋となっていたオランダがフランスの影響を受けてきたことにも関連しているだろうが、江戸とパリの直接的な関係を具体化したのは、1858年10月9日に結ばれた日仏平和友好商業条約で、その後、初の日本使節団がフランスにきたのは1862年のことであった。以後、フランスに対する日本人の関心は顕著になるが、日本は当時未曾有の近代化の時を迎えていた。日本語に訳されたフランス文学の最初の二作は、「法の精神」(1875)と「社会契約論」(1877-1882)で、それは政治思想の刷新と変化への意志のシンボルであった。加えて、明治時代に行われた多くの改変は、法律面では特に、Gustave-Emile Boissonadeに影響されている。こうしてフランスはその思想をもって日本に浸透していったが、日本はフランスにその繊細さと美をもって迎えられた。19世紀末、多くのフランスの芸術家はそうした日本に惹かれていたのである。世界的にも文化の中心といえるパリは、多くの日本人を受け入れた。高橋邦太郎によると、「1920、30年代、有名な者もそうでない者も含め、日本人画家がモンパルナスに集まった。その界隈は文字通り、日本人で溢れていた。第二次世界大戦が始まるまで、その内の少なくとも3、400人がそこに根を下ろして暮らしていた」という。パリ第7大学の専任講師で、「Les
Japonais en France」という博士論文を書いた矢田部和彦は、「”文化”に触れようとする者にとって、神話的都市、避けられない場所」であるパリにいた当時の日本人の数を1500人と割り出している。こうしたフランスの魅力は、今日でも、移住する者にとっても短期滞在者にとっても、日本人の中にある。反対にフランスでは、日本ブームが起こっているとしても、そしてここ十年来のさまざまな努力にもかかわらず、日本に対する知識と関心は、高まったわけではないだろう。
日本好きで知られるジャック・シラクが、日本の首相に疑問を持つことはあまりないだろうが、彼は例外である。そしてこうした例外があることがまた、一般の傾向を確固としているだ。
(クロード& 翻訳 Cassio)