Wild Side, qui avait déjà sorti quatre films de Fukasaku Kinji en 2 DVD, propose un intéressant coffret de trois films rares du maître Kurosawa Akira, dans sa collection “les Introuvables” : Chien enragé (Nora inu, 1949), Les Salauds dorment en paix (Warui yatsu hodo yoku nemuru, 1960), et Entre le ciel et l’enfer (Tengoku to jigoku, 1963), dont on peut rappeler que Jean-Luc Godard l’avait démoli en trois lignes à l’époque dans les Cahiers… Ce coffret a l’avantage de nous permettre de (re)voir des films assez peu diffusés de l’auteur de Rashômon.
Autres sorties chez Wild Side qui a repris le catalogue Vivendi-Universal : Goyôkin, l’or du Shôgun, très surprenant jidai-geki du méconnu Gosha Hideo (1969, avec Nakadai Tatsuya et Tamba Tetsurô), et surtout Le Sabre du Mal (Sword of doom, Tôhô, 1965), d’un autre méconnu du cinéma de genre des années 1960, Okamoto Kihachi. Cette adaptation du fameux roman Daibosatsu Tôge (Le passage du Grand Bouddha) de Nakazato Kaizan, même si elle n’égale pas la version magistrale d’Uchida Tomu (1957/59, en trois parties), vaut par sa violence baroque, et l’interprétation hallucinée de Nakadai, après la version de Misumi Kenji (avec Ichikawa Raizo, 1960, connue aussi sous le titre Satan’s sword). Un bon choix.
Chez Wild Side, si la qualité des films est impeccable, les bonus sont discutables. Il y a certes un bon livret de présentation des films de Kurosawa par Nicolas Saada (avec des notes si minuscules qu’elles en sont illisibles…), mais les bio-filmos sont émaillées de fautes, de lacunes et d’erreurs diverses, le pire étant la bio de Shimura Takashi, où n’est même pas mentionné son plus grand rôle, celui de Vivre (Ikiru). Un comble ! Et Les Sept Samourais est daté de 1957, alors que c’est un film de 1954. Il manque des titres japonais dans les filmographies, ou bien ils sont erronés : IkOmono no kiroku, au lieu de Ikimono, Subarashiki tout court, au lieu de Subarashiki Nichiyôbi (Un merveilleux dimanche). Où étaient les correcteurs ? Par ailleurs, on a droit à une brève interview, mal filmée, de Kurosawa, sur le tournage de Kagemusha (rien à voir avec les films présentés), et au film d’Oshima, “100 ans de cinéma japonais” (BFI, 1995), qui n’accorde pas la meilleure place à Kurosawa. Inutile. On sent qu’il a manqué un véritable coor-dinateur à ce fouillis de bonus insatisfaisant. Restent les films, heureusement. Les bonus du Sabre du Mal et de Goyôkin sont un peu meilleurs (présentation un peu hésitante de Julien Sévéon), mais les bio-filmos, assez complètes, sont hélas entachées de fautes, surtout dans les titres japonais. Dommage.
Que cela ne vous empêche pas de prendre le temps de découvrir ce raz de marée de DVD (sans compter tous ceux que l’on peut trouver sur Internet, entre le Japon, Hong-Kong et les Etats-Unis), en attendant la sortie (repoussée pour des question des droits) de six films d’Ozu Yasujirô chez Arte en avril, participant de la célébration du centenaire de sa naissance, le 12 décembre dernier. Sans oublier la sortie de L’Ile nue (Hadaka no shima, 1960) de Shindo Kaneto toujours chez Wild Side.
Sore ja, mata,
Max Tessier